Le régime Cat Nat en pratique #2 : Zoom sur les périls couverts et et non couverts par le régime d’indemnisation
Le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, communément appelé « régime Cat Nat », instauré en 1982 sur le principe constitutionnel de solidarité nationale, constitue un dispositif unique d’indemnisation des dommages causés par des phénomènes naturels d’intensité exceptionnelle.
Mais tous les événements naturels ne relèvent pas de ce dispositif.
Comprendre les périmètres de couverture et d’exclusion de cette garantie permet aux assurés de mieux appréhender leurs droits et aux collectivités ou communes de solliciter à bon escient une reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle.
On vous guide pas à pas sur les étapes importantes 👇
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Un dispositif aux conditions précises
La garantie catastrophe naturelle, prévue par les dispositions des articles L.125-1 et suivants du code des assurances, est une garantie assurantielle obligatoirement prévue par tous les contrats d’assurance dommages aux biens situés en France (contrat multi-risques habitation, contrat multi-risques professionnels, contrat des véhicules automobiles …).
Sa mise en jeu permet aux personnes dont les biens assurés ont été endommagés par une catastrophe naturelle d’être indemnisées par leur assureur. Elle couvre l’ensemble des biens assurés et assurables des particuliers, des entreprises et des collectivités locales couvertes par ces contrats.
Pour qu’un sinistre soit indemnisé au titre de la garantie catastrophe naturelle, quatre conditions cumulatives doivent être réunies :
- Le bien endommagé doit être couvert par un contrat d’assurance dommage.
- Le phénomène à l’origine des dégâts doit présenter une intensité anormale contre laquelle les mesures de prévention usuelles n’ont pu agir.
- Le territoire concerné doit faire l’objet d’un arrêté interministériel de reconnaissance, publié au Journal officiel.
À retenir : la garantie Cat Nat couvre exclusivement les phénomènes naturels non assurables par ailleurs. Certains événements destructeurs relèvent donc d’autres régimes d’indemnisation.
→ Lire aussi : La garantie Cat Nat
La procédure de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle est donc une procédure administrative par laquelle les services de l’État déterminent les communes qui ont subi un phénomène naturel présentant une intensité anormale justifiant la mise en jeu de la garantie catastrophe naturelle afin d’indemniser les biens endommagés par ses effets.
Le classement d’une commune en état de catastrophe naturelle est formalisé par un arrêté interministériel.
La publication de cet arrêté au Journal officiel est une condition préalable indispensable à l’indemnisation effective de l’assuré par son assureur.
→ Lire aussi : Zoom sur la procédure de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle
Les phénomènes naturels couverts par le régime Cat Nat
Le régime Cat Nat prend en charge les dommages résultant de neuf grandes catégories de phénomènes naturels :
- Avalanches, séismes et éruptions volcaniques complètent le champ des phénomènes couverts.
- Inondations et coulées de boue : débordement de cours d’eau, ruissellement, crues torrentielles, mais aussi remontées d’eaux souterraines (nappes phréatiques ou alluviales).
- Action de la mer : submersions marines et chocs mécaniques des vagues.
- Événements cycloniques : régis par des dispositions spécifiques du Code des assurances pour les départements et territoires d’outre-mer.
- Mouvements de terrain : glissements, effondrements, affaissements liés à des cavités, chutes de blocs ou tassements.
- Mouvements différentiels de terrain dus à la sécheresse et à la réhydratation des sols : depuis janvier 2024, ces phénomènes font l’objet d’un régime spécifique.
→ Lire aussi : Les périls couverts
Bon à savoir : le régime s’adapte régulièrement aux évolutions climatiques et aux nouveaux risques naturels identifiés. Des fiches techniques sont mises à disposition des communes et des services de l’État dans le but de permettre la qualification exacte du phénomène conduisant au dépôt d’une demande de reconnaissance.
→ Lire aussi : Les risques émergents chez CCR
Les exclusions, comprendre les frontières du dispositif
L’article L.125-1 du code des assurances indique que sont considérés comme les effets des catastrophes naturelles « les dommages matériels directs non assurables ayant eu pour cause déterminante l’intensité anormale d’un agent naturel ».
En conséquence, les dommages provoqués par des phénomènes naturels assurables sont exclus du champ d’application de la garantie catastrophe naturelle.
La compréhension des exclusions est tout aussi essentielle que celle des périls couverts. Le principe directeur est donc le suivant : les phénomènes assurables par d’autres garanties sont exclus de la garantie Cat Nat.
- Tempêtes, tornades et vents violents relèvent de la garantie tempête (article L.122-7 du Code des assurances). Cette garantie couvre également les infiltrations d’eau consécutives.
- Grêle et poids de la neige sont couverts par les garanties TNG (tempête, neige, grêle).
- Incendies causés par la foudre et feux de forêt relèvent de la garantie incendie.
- Les dommages miniers liés à l’exploitation passée ou en cours d’une mine sont expressément exclus.
À retenir : la garantie tempête s’active automatiquement dès que certains seuils de vent sont atteints, tandis que la garantie Cat Nat nécessite toujours la publication d’un arrêté interministériel. Pour résumé : Le vent seul (tempête, tornade, rafales…) n’entre pas dans la garantie Cat Nat. Sauf exception : les évènements cycloniques. L’article L.122-7 du Code des assurances prévoit que les cyclones (vents > 145 km/h en moyenne sur 10 minutes ou > 215 km/h en rafales) sont indemnisés au titre de la Cat Nat. Dans ce cas, il faut un arrêté interministériel pour reconnaître l’état de catastrophe naturelle.
Une fiche technique disponible pour les communes précise les consignes à suivre lorsqu’une commune sollicite à tort une demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle au titre d’un évènement cyclonique alors que les dommages constatés résultent d’un évènement tempétueux (tempêtes, tornade, violentes bourrasques de vent).
Les biens couverts et non couverts
La garantie Cat Nat s’applique aux biens assurés et assurables des particuliers, entreprises et collectivités locales, dans les limites prévues par leur contrat d’assurance. Sont notamment concernés :
- les immeubles couverts par une assurance multirisques habitation, et,
- les véhicules terrestres à moteur, sauf s’ils ne disposent que d’une assurance au tiers.
À l’inverse, certains biens restent exclus du dispositif. Ne sont pas couverts :
- les biens non assurés ou expressément exclus du contrat,
- les biens publics non assurables (voirie, talus, murs de soutènement, ouvrages de génie civil),
- les récoltes non engrangées, cultures, sols, cheptel vif hors bâtiments,
- les véhicules aériens, maritimes, fluviaux, marchandises transportées et installations d’énergies marines renouvelables.
Les dommages couverts et non couverts
S’agissant des dommages, seuls les dommages matériels directs aux biens sont indemnisés. Les dommages indirects faisant suite à la catastrophe comme : les pertes de loyers, frais de déplacement ou pannes d’appareils, sont exclus du périmètre d’indemnisation, sauf exceptions prévues par la loi.
Il existe trois exceptions notables précisant des catégories de frais qui peuvent être prises en charge :
- Études géotechniques et frais d’architecte nécessaires à la remise en état des constructions sinistrées.
- Frais de relogement d’urgence pour une durée maximale de six mois,
- Pertes d’exploitation liées aux biens endommagés,
Une géographie de la solidarité nationale
Le régime Cat Nat s’applique : en métropole, en Corse, et dans les collectivités d’outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, La Réunion, Mayotte et Wallis-et-Futuna.
Les exceptions : la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ne relèvent pas du régime Cat Nat.
L’importance d’une qualification précise
D’une manière générale, les indemnisations versées au titre de la garantie catastrophe naturelle respectent l’étendue et les conditions des garanties prévues par le contrat d’assurance : conditions de prise en compte de la vétusté, extension de garantie à certains biens ou dommages …
L’indemnisation des sinistrés d’une catastrophe naturelle n’est donc pas uniforme et varie en fonction des clauses de leur contrat d’assurance. La distinction entre périls couverts et exclus n’est pas un simple exercice théorique : elle conditionne l’accès à l’indemnisation.
→ Lire aussi : L’indemnisation
Une demande de reconnaissance mal orientée peut retarder la réparation des sinistrés. À l’inverse, une bonne compréhension des mécanismes permet d’activer rapidement le dispositif adéquat. Les réformes récentes, notamment la loi du 28 décembre 2021 et la circulaire interministérielle du 29 avril 2024, renforcent la transparence des décisions et le rôle des services déconcentrés dans l’accompagnement des communes et des sinistrés.
Elles participent ainsi à l’efficacité globale du système de solidarité nationale face aux catastrophes naturelles.
Sources et images :
- Getty Images – encrie Créatif – n° : 537868342
- Documents CCR
- Instruction interministérielle relative à la procédure de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle
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